Quelques citations de Rudolf Steiner sur la Gymnastique et l’Éducation Physique

…La formation – psychique et spirituelle – devrait résulter de la façon dont on peut mouvoir son corps…
« Gymnaste. Rhéteur. Docteur », conf. IX
…Car lorsque la vie religieuse se réduit à des actes de foi, elle n’est plus une force puissante, elle n’agit plus jusque dans le physique. Cela, de nos jours, on le sent bien d’instinct, mais on n’en mesure pas toute la portée. Et le sentiment instinctif de cet état de chose a fait que l’humanité moderne s’oriente vers quelque chose qu’on cherche instinctivement, mais dont on ne comprend absolument pas l’intrusion dans la civilisation moderne : c’est tout ce qui tourne autour du sport. La religion a perdu la force intérieure qui jadis fortifiait le physique de l’homme. De là est venu l’instinct d’apporter cette force de l’extérieur. Et comme, dans la vie. toute chose a deux pôles, nous avons ici le fait suivant : ce que l’homme a perdu dans le domaine de la religion, il veut instinctivement se l’apporter du dehors. Bien entendu, je n’ai pas l’intention de faire tout un discours contre le sport, ni d’en discuter le bien fondé ; je suis, moi aussi, convaincu qu’il saura évoluer de manière saine. Mais à l’avenir au lieu d’ètre, comme aujourd’hui, un ersatz de la religion, il occupera dans la vie humaine une autre place. De telles choses vous semblent paradoxales quand elles sont exprimées aujourd’hui. Mais c’est justement parce que. dans la civilisation moderne, nous avons donné dans tant de pièges que la vérité fait figure de paradoxe…
« Les bases de la pédagogie »
…Nous constatons combien il est important pour l’homme de développer sa vie psychique de façon adéquate. De nos jours, on ne comprend plus guère à quoi peut servir le développement de l’âme. En de semblables occasions, nous avons déjà mentionné que notre époque attache une grande importance à la gymnastique, par exemple, ou aux bngues promenades et à l’entraînement intensif du corps physique. Tout en nous abstenant de critiquer ce principe, puisqu’en soi cela n’est pas malsain, nous devons tout de même faire remarquer que l’attention portée sur le seul homme extérieur, comme s’il s’agissait d’une machine, et les exercices ne visant que le développement physiologique ne constituent pas une bonne chose. En faisant de la gymnastique on ne devrait pas se contenter d’exercice visant uniquement le développement de telle ou telle partie musculaire. Il faudrait veiller à ce que chaque exercice soit porté par un plaisir intérieur, et que l’impulsion de s’exercer émane d’un besoin de bien-être intérieur. Les motivations devraient venir des besoins de l’àme. Le professeur de culture physique devrait pouvoir ressentir quel bien-être habite l’àme. lorsqu’elle exécute tel ou tel exercice. Cela contribue à fortifier l’âme ; dans le cas contraire, on ne fortifie que le corps, et l’âme se voit condamnée à demeurer à son niveau le plus faible. En observant la vie, on découvre que. suivant le point de vue à partir duquel sont entrepris les exercices, ceux-ci peuvent avoir un effet bénéfique et contribuer tout autrement au bien-être de l’homme que tels autres exercices visant simplement l’homme conçu comme un appareil anatomique.
Seule une étude sérieuse de la science spirituelle permet de dévoiler les rapport entre la vie physique et la vie psychique. Croire que l’activité corporelle constitue une compensation au effort de l’esprit revient à ignorer un aspect essentiel du problème…
« Expériences de la vie de l’âme » (11e conf. R 364)
…Le fait d’avoir transformé peu à peu la gymnastique en un exercice dénué de sens, en une activité qui ne concerne que le corps physique, est une manifestation seconde du matérialisme contemporain. Notre prétention d’élever ces exercices au rang de sport, c’est à dire d’activités où non seulement nous exécutons des mouvements quelconques, insignifiants, purement physiques, mais où nous introduisons un sens opposé à la réalité, un sens adverse, répond au désir de rabaisser l’homme, non seulement au niveau d’un être qui n’a plus que des pensées matérialistes, mais au niveau de la sensibilité animale…
« La nature humaine » (13e conf)
… Mais la science spirituelle fournit une base solide à l’éducation physique aussi bien qu’à l’éducation de l’âme. La gymnastique et les jeux en fourniront une démonstration caractéristique. De même que l’amour et la joie doivent baigner l’atmosphère de la plus tendre enfance, ainsi le corps éthérique en croissance doit, au moyen d’exercices corporels, éprouver réellement en lui-même la sensation de son développement, de sa force sans cesse grandissante. Les exercices de gymnastique, par exemple, doivent être réglés de telle façon qu’à chaque mouvement, à chaque pas. ce sentiment s’impose à l’àme du jeune homme : « Je sens en moi une force croissante ». Et ce sentiment doit épanouir, élargir l’âme en une expansion salutaire, il doit être ressenti comme un bien-être. Il est vrai que. pour imaginer des exercices de gymnastique répondant à ce but, il faut plus qu’une connaissance anatomique et physiologique du corps humain. Il faut pour cela une connaissance intime, intuitive et toute sympathique des sentiments de joie et d’aise qui accompagnent les attitudes et les mouvements du corps humains. L’organisateur de ces exercices doit ressentir en lui-même les sentiments de force, de joie, d’expansion produits par tel mouvement ou telle position, ou la perte de force qu’entraîne tel autre mouvement.
Afin que la gymnastique et les exercices corporels puissent être pratiqués dans cet esprit il faut à l’éducateur certaines connaissances que prodigue la science spirituelle et surtout un état d’esprit qu’elle seule sait provoquer. La connaissance directe des mondes spirituels n’est nullement requise ; il suffit de vouloir appliquer à la vie les faits établis par la science spirituelle…
« L’Éducation de l’enfant du point de vue de la science spirituelle »